CORONAVIRUS : le point sur la situation au MALI

septembre 5, 2020 Par LMD

La pandémie de coronavirus en cours a eu des lourdes conséquences sociales et économiques sur l’ensemble de la planète, ses impacts sont encore plus considérables dans les pays déjà en proie à la crise sociopolitique. Focus sur le cas malien.

Avec une population estimée à plus de 18 millions d’habitant, le Mali enregistre à ce jour 11 Juillet 2020 : 2411 cas testés positifs, dont : 72 décès dans les centres de prise en charge et 49 dans les communautés. Cependant, 1694 cas sont guéris selon le bilan établit par le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales sur le Suivi des Actions de Prévention et de Riposte à la Maladie à Coronavirus.La structure ajoute également dans son communiqué Numéro 132 que 1011 personnes-contact font l’objet d’un suivi quotidien.

Au regard de ces chiffres qui font froid au dos, nul doute que la pandémie se déplace comme une vague et fait des ravages sur son chemin.

 Dans le climat actuel de la COVID19, le gouvernement a pris en mi-mars une série de mesures visant à limiter la propagation du virus. Ces dispositifs ont malheureusement montré leurs limites depuis les premières semaines de leur mise en vigueur. Plusieurs facteurs expliquent cette faille.

D’abord, les mesures sanitaires préconisées ne sont pas adaptées au contexte réel du pays.

Pour preuve, la barrière de distanciation sociale fait polémique dans son application, car le fondement du Mali est la solidarité mutuelle. Ce principe de vie commune ne laisse aucune chance à l’individuel. Ainsi, les gens dorment ensemble, mangent dans le même plat et boivent dans un même pot. Bon nombre de la population emprunte le transport commun, un facteur de propagation de la maladie. Les évènements sociaux tels le mariage, le baptême… réunissent toute la communauté. Elles ne peuvent qu’être célébrer en grandes pompes et même si toutes consignes d’hygiènes ne sont pas au fixe, tant pis pour coronavirus.

La restriction de la mobilité sociale a mis à mal une grande partie de la population, notamment les jeunes qui sont habitués aux mouvements.

Par ailleurs, le couvre-feu décrété n’a pas fait long feu pour la simple raison que la population est constituée en grande partie de petits commerçants du soir. Et aucune disposition n’avait été prévue pour arrondir la fin du mois de ces derniers.

 A cela s’ajoute : l’insuffisance d’infrastructures sanitaires adéquates pour mieux faire face à la crise, l’absence d’informations crédibles et de qualités, la propagation de fausses rumeurs sur la maladie, la rupture du climat de confiance entre gouvernants et gouvernés …

Cet état de fait a plongé la population, majoritairement analphabète dans un scepticisme vis-à-vis de la maladie. Pour certains, la COVID19 serait un business pour les autorités maliennes.

« C’est pour donner de fausses alertes aux communautés internationales afin de s’offrir des coronavillas, des coronavoitures, des coronavols pour des coronavaccances ». Pense croire un internaute.C’est d’ailleurs pour cette raison que la population s’est montrée réticente vis-à-vis de la main tendue du gouvernement dans la lutte contre la maladie.

« Pendant que les autres pays de la sous-région soutiennent les populations à faire face à la crise en les octroyant des allocations, notre gouvernement fait le mendiant auprès des pauvres citoyens déjà affectée économiquement par la crise ». Nous dira Sadio, étudiant en Droit.

Il n’est aujourd’hui plus à démontrer que cette catastrophe naturelle a paralysé tous les secteurs de développement comme le tourisme, l’artisanat, l’évènementiel et surtout l’éducation.

« Les écoles étaient fermées depuis plusieurs mois en raison de la grève des enseignants et avec l’apparition du coronavirus au Mali, nos autorités ont enfin trouvés des excuses pour justifier leurs incompétences. Nos enfants récoltent les pots cassés car, sont condamnés à rester encore à la maison plutôt qu’à être en classe, là où ils doivent être ». Se désole Aminata Traoré, parent d’élève.

Quant à Fatoumata Cissé, candidate au DEF, elle nous confesse qu’elle ne comprend véritablement pas les cours dispensés à la télé. Cette alternative qui est une première, parait pour elle inefficace car, a du mal à rester concentré devant un écran. « Le temps consacré à une séance est modeste et aucune possibilité pour l’élève d’interagir avec l’enseignant ».

Les déplacés de guerre 

Les couches vulnérables demeurent les plus exposés aux risques sanitaires.

Pour mémoire, la crise sécuritaire que traverse le pays a occasionné le déplacement de milliers de populations du nord et du centre vers le sud du pays. Les déplacés ayant choisi Bamako comme destination se sont installés pour la plupart au marché de bétails de faladié (un quartier de la commune V du district de Bamako) qui est parti en fumé le mardi, 28 mai 2020. Comme conséquences, ces populations se retrouvent sans abri et du peu qu’ils possédaient. Ils vivent ainsi dans les conditions de surpopulation, sans accès adéquat à l’eau, avec des installations sanitaires réduites au strict minimum et une sécurité alimentaire précaire.

Les citoyens à travers des actions individuelles et collectives, s’investissent dans des missions patriotiques dans l’optique de contribuer aux efforts de réductions de risques de contamination de la COVID19 au Mali. Cela se constate à travers différentes campagnes de sensibilisation et activités de solidarité à l’endroit des couches vulnérables… Ces efforts semblent insignifiants lorsqu’on est regardant sur le quotidien des Maliens. Un quotidien synonyme d’insouciance, encourage les chances de propagation de la maladie et rend la victoire du Mali incertaine dans le combat contre la COVID19. Toutefois, l’Etat malien devra apprendre   de cette pandémie afin de mieux faire face à d’autres crises à venir.

 Lamine DIARRA

Etudiant à l’ESJSC / MALI